Pralognan, place majeure de l'alpinisme en Vanoise ! Les montagnes y ont majesté
et belle ampleur, au fil du temps j'ai fait plein de choses là-bas :
la Grande Casse 3 fois, l'Aiguille de la Vanoise 3 fois, la Grande Glière,
la Pointe de la Réchasse, la Cime des Planettes, la Pointe de l'Observatoire...
De grands et beaux souvenirs donc, qui remontent jusqu'à l'adolescence,
les derniers ont été documentés : Petite
Face Nord, Grande
Glière, Bal
du Cosmos.
Aujourd'hui c'est avec ma petite sœur Dominique que je repars. L'été
dernier nous avons réussi une belle sortie aux Oeillasses,
nous reformons notre cordée pour un nouvel objectif : arête
Ouest du Petit Arcelin. Alors départ de la maison aux Lanches 05h40,
rhhââaaah!h!h me faire conduire en voiture le matin avec des virages
quelle horreur j'ai le ventre tout retourné
(je conduis pourtant avec douceur) ouf enfin nous sommes garés
au parking des Fontanettes alt. 1640 m. En fait je n'ai pas de carte, alors
même si je situe globalement les lieux j'ai besoin de réfléchir
un peu pour être sûr de bien comprendre à quelle montagne
nous allons. Okay nous nous mettons en chemin direction le cirque du Dard, entre
Grand Marchet et Aiguilles de l'Arcelin.
Il y a un torrent à passer, en allant vite le pied que je pose dans
l'eau n'a presque pas le temps de se mouiller. (Presque
pas mouillé ? Je l'ai vu jusqu'au mollet dans l'eau, si bien que j'ai
préféré me déchausser pour passer pieds nus avec
la hantise de tomber et de lâcher mes chaussures... après le téléphone
tombé dans l'eau l'année dernière.)
Nous marchons bien et nous nous élevons. Le soleil vient
toucher les sommets en même temps que nous pénétrons dans
le cirque du Dard : hautes parois, névés et raides rochers, la
montagne est superbe, sauvage, imposante... quel plaisir de découvrir
cet endroit.
Nous identifions le Petit Arcelin et son arête Ouest où va se dérouler notre escalade, nous quittons le chemin et à travers cailloux et éboulis nous rejoignions l'attaque, ça aura fait 650 m de dénivelée environ depuis le bas. Nous avons réfléchi à ne pas trop nous encombrer de matériel superflu, nous sommes rapidement équipés, 08h50 c'est parti je commence !
Premier relais et Dominique vient à moi puis repart en réversible.
Sa longueur sera un peu pénible, elle mousquetonne trop quand il y a
un crochet à faire à gauche et elle se retrouve avec un tirage
terrible. (Je croyais que ça allait partir sur
la gauche, mais non, retour à droite... J'ai regretté de ne pas
être re-descendue pour enlever la dégaine. J'ai dû grimper
le reste en forçant pour prendre du mou.)
Avec l'espacement et les ressauts de la paroi, le vent... on s'entend à
peine, mais on se comprend aussi avec les mouvements de la corde. Je retrouve
Dominique et je repars en tête, puis pour la 4ème longueur ce sera
au tour de Dominique de gravir un pas en 5c/6a. Avec sac à dos et équipement
montagne c'est autre chose que la seule cotation intrinsèque, mais Dominique
est affutée et passe très bien. (Prise d'une
fissure en opposition et claquage d'une prise en pince plus haute. C'était
beaucoup plus facile que ce que à quoi je m'attendais.) et grâce
à nos 50 mètres de corde elle enchaîne L4 et L5 d'une traite.
Une jolie montée en dalle dans L6 pour moi puis un petit surplomb dans
L7 pour Dominique, encore une fois sa technique acquise aux blocs de Fontainebleau
-où elle habite désormais- lui fait bien franchir le passage.
(Plutôt que de tirer sur les bras, j'ai envoyé
mon talon et je suis passé en pointe. Rapide, facile, efficace, tout
en s'économisant. Il faut juste faire attention au sac à dos qui
change l'équilibre.)
Bon par contre, au relais suivant, quand je vois l'allure du ressaut à
passer sur le fil de l'arête... IV+ oui oui mais non, Dominique a beaucoup
plus de chances de réussir que moi, je lui cède la place. Et effectivement,
du premier au deuxième point il faut s'élever en équilibre
avec tout le gaz autour, ouf okay Dominique mousquetonne, bravo Dominique !
(Clairement le passage le plus difficile. J'étais un peu courte sur une
prise pour la première dégaine mais ça passe. Je cherche
le deuxième point... il faut passer dans l'autre face où je me
prends gaz et vent en bloc. Je mousquetonne hyper vite du premier coup, ouf
! Du coup, je continue dans cette face sur la dalle. Je trouve bien des petites
encoches pour les pieds, c'est bien.)
Sauf qu'emportée par son élan Dominique rate le relais suivant
(il était donc de l'autre côté...) plus rien n'avance
et nous ne nous entendons plus, gloups tant pis j'escalade à mon tour
le pas délicat sans savoir ce qui se passe à l'autre bout de la
corde. Je finis par retrouver Dominique et je termine L9 qu'elle avait entamée
par erreur. (Je me suis rendue compte que j'avais changé
de longueur, je cherchais une solution pour faire un relais improvisé.
J'ai trouvé un becquet de fortune.)
L10 Dominique et L11 dernière facile petite longueur pour moi, 13h00 nous sommes au sommet ce fut une belle escalade ! Alt. 2516 m super panorama et selfie frère sœur.
Mais nous ne nous relâchons pas car nous ne connaissons pas la descente mais nous anticipons que ce sera délicat. Effectivement nous allons poursuivre par une petite sente entrecoupée de dalles caillouteuses, ce n'est pas difficile mais exposé et sans rien pour bien protéger. Ah finalement 2 points pour un relais avant plusieurs pas d'escalade sur le fil de l'arête, maintenant que nous savons mieux où nous en sommes nous pouvons apprécier ces mouvements aériens. (Je me retrouve à califourchon entre face nord et sud, en me demandant où aller, je ne vois aucun point. J'assure ma descente en posant des sangles. Je continue l'arête, c'est toujours la meilleure solution et je vois finalement une pauvre cordelette. Il n'y a pas de relais officiel mais j'en fait un autour d'un rocher. Cette sortie augmente mon expérience débrouille.)
Nous arrivons au point le plus bas entre Petit et Grand Arcelin, la descente bascule à présent versant Sud, c'est plus facile que ce qu'on aurait pu craindre, il y a même des cairns et des points. Un petit rappel dans une cheminée pour terminer et voilà 15h10 nous retrouvons les pentes herbeuses à la base de la montagne, nous en avons terminé avec toutes les difficultés ! C'est le royaume des edelweiss ici, et plein d'autres petites fleurs, fragiles et frêles, mais aussi belles et vaillantes que les colossales montagnes qui les dominent.
Nous rattrapons le chemin de randonnée pour la descente sur Pralognan, la flore devient plus haute et plus dense, ici la vie grandit ! Il y a des randonneurs, des traileurs (pfff courir à la descente n'importe quoi) une marmotte, des VTT, mais pas d'autres grimpeurs. 17h00 nous sommes au parking des Fontanettes. Pour la route de retour nous prendrons deux, puis une, puis encore un auto-stoppeur, ces petits jeunes sont gentils mais quand on leur demande ils ne savent pas dire d'où ils viennent ni où ils vont :-)
Dernier épisode comique dans la montée de Landry avec un 38 qui
a attaché ses grandes planches (plusieurs mètres) sur sa petite
remorque et qui les perd au fur et à mesure de la montée, tel
le Petit Poucet, avant d'enfin réaliser. (Fou rire
en voyant une planche, puis une autre, et encore une autre... Et finalement
un bonhomme en mini short sifflotant à la recherche de ses planches.)
Et ça y est nous revoilà chez nous, à peine un peu fatigués
et tout heureux après cette belle journée en montagne. Avec Dominique
nous formons une bonne cordée : un bon niveau d'escalade pour elle, et
de l'expérience en montagne pour moi, c'est bien comme ça.
(Très contente de cette sortie. Escalade facile avec un poil de technique,
jolie arête et un compagnon de cordée que je connais très
bien, un vieux bouquetin expérimenté !)