Après les très belles expériences des Trithur XS
2019 et S
2021, je poursuis sur ma lancée avec le Elsassman
S ! Ce n'est pas loin de chez moi et l'horaire est tranquille alors samedi 10
juillet réveil paisible. La veille je suis allé voir mon ami Alain
aux championnats de France natation Maîtres à Mulhouse, arriverai-je
aujourd'hui à nager au moins à la moitié de sa vitesse
? C'est improbable, mais en tous cas depuis le Trithur d'il y a trois semaines
je me suis spécialement entraîné à nager pour améliorer
mon point faible principal. Ma meilleure supportrice ma tante Babette m'accompagne,
voilà je récupère mon dossard numéro 227, j'ai la
belle surprise de retrouver mon amie de l'organisation du Trithur qui aujourd'hui
va concourir, et au parc à vélo je papote avec tous les gens autour
de mon emplacement, comme j'aime cette sympathique ambiance. Nous serons 271
participants aujourd'hui, ça fait du monde ! Sabina et les enfants arrivent
aussi pour découvrir le spectacle, tandis que je nage déjà
un peu : aujourd'hui je veux mieux accomplir la natation ! Au fil des plaisanteries
les minutes passent vite et c'est le grand départ !
Plus question de partir à l'écart désormais, je suis direct
sur la ligne des bouées, il y a du monde autour de moi, avec des rythmes
irréguliers, c'est pénible mais il faut faire avec... Je pense
à mes grands mouvements de bras, à bien respirer comme il faut,
mais dans la cohue collective c'est plus difficile que seul à l'entraînement
: je ne peux pas me concentrer que sur ma nage, je dois aussi prendre garde
de tous les côtés, cela se paie avec plus d'essoufflement. Je tourne
au ras des bouées, je nage encore et toujours avec épuisement,
devoir se décaler constamment à cause des autres nageurs qui gênent,
finalement la sortie se rapproche et je m'extrais de l'eau en 171ème
position. Je n'ai pas nagé plus vite qu'au Trithur, mais dans le contexte
beaucoup plus agité ce n'est pas si mal que ça. Ma petite famille
est là pour m'encourager en haut de la montée du tapis c'est agréable.
J'arrive à T1 et je me rate un peu pour enlever la combinaison je suis
178ème après la transition. Go go go maintenant c'est vélo
! J'avais été étonné avant le départ de voir
peu de vélos avec prolongateurs, pour moi je trouve que la position fait
une différence sensible de vitesse, surtout vu comme tout le parcours
va être tout plat. Donc position de vitesse sur prolongateurs, c'est parti
pour 24 km et je me mets à doubler régulièrement du monde.
J'ai toujours la hantise de crever, je passe d'ailleurs une concurrente dont
le pneu avant vient de rendre l'âme... Je double toujours, il y a des
chassés-croisés avec un petit nombre d'autres vélos, je
parviens à rattraper ma copine du Trithur qui a très bien nagé.
Nous sommes toujours nombreux sur la route, il faut faire attention c'est quand
même délicat...
Après Munchhouse je me retrouve dans un peloton : ça ne me plait
pas, je mets un coup d'accélérateur pour m'en dégager.
Une minute plus tard, la quinzaine de vélos me reprend ! Je repars devant,
une minute après tous les vélos me mangent à nouveau sans
que je ne comprenne rien ! Alors je me mets plutôt derrière, et
je me rends compte comme ça roule plus facilement, c'est stupéfiant
la différence, voilà j'expérimente bien malgré moi
le drafting pour la première fois de ma vie. Mais ça ne me plait
toujours pas (adieu la belle position sur les prolongateurs, maintenant c'est
rouler mains sur le guidon prêt à freiner) je laisse le groupe
prendre un tout petit peu d'écart...et ça devient beaucoup plus
difficile subitement de maintenir la même vitesse, c'est vraiment fou
ça. Bref nous revenons cependant sur Ensisheim, ouf je n'aurai pas crevé
tout se sera bien passé. J'arrive en vue du dernier virage, je n'y pensais
pas encore mais je vois les gens devant commencer à déscratcher
leurs chaussures... Et alors que je suis en plein dans le virage, la personne
de l'organisation qui veille à la sécurité crie "CHAUSSURE"
!
Il y a effectivement une chaussure noire par terre (perdue j'imagine par un
andouille qui s'est raté dans son enlevage) mais trop tard je ne la vois
que quand j'arrive déjà dessus (sur la photo, une seconde avant
le drame, je suis au milieu tout derrière, avec juste mon casque et mon
épaule gauche qui dépassent) je roule sur la maudite chaussure
tandis que je suis penché en virage, le vélo saute je perds tout
contrôle je vole par-dessus et je tombe côté droit, le genou
et l'épaule prennent un gros coup, la tête tape mais ouf merci
le casque. J'ai mal mais je me relève un hurlant PUTAIN PUTAIN ! ! J'entends
le pneu avant qui siffle, tout crevé, la ligne d'arrivée est à
150 mètres je ne vais pas me lancer dans une réparation je pars
en courant en poussant le vélo, chaussures toujours aux pieds. Le peloton
dont je m'étais pourtant prudemment tenu à distance est loin maintenant...
Allez tant pis je finis, je suis remonté à la 129ème place
en faisant le 75ème temps du vélo.
T2 va vite grâce aux nouveaux lacets silicone donnés par mon ami
Matthieu et je pars à courir en 120ème position. Le genou et l'épaule
font toujours mal, mais en passant à la hauteur de Babette, de Sabina
et des enfants je cesse quand même de grimacer pour leur faire coucou
;-)
Sur la série de photos que prennent Babette et Sabina c'est intéressant
il y a Anne mon amie du Trithur qui m'a rejoint pendant le temps perdu de la
chute, je vais la redoubler en courant mais sans m'en apercevoir. La course
à pied au triathlon c'est tellement de la souffrance, tenir le rythme
malgré l'épuisement général, au moins les douleurs
du genou et de l'épaule se fondent dans la difficulté de l'effort.
Je cours relativement bien malgré tout et les 5 km passent en 21'56''
c'est le 64ème temps de la course à pied (4'23'' au km / 13,67
km/h de moyenne) et après avoir doublé toujours des gens (et quelques
autres qui me passent) et je termine finalement ce triathlon à la 100ème
place / 271 en 1h22'10'' (le vainqueur est en 1h02 bravo !)
Je suis dans la première moitié du classement général
c'était l'objectif, sans l'accident du vélo le premier tiers était
même jouable. Mais à la différence du Trithur il y a sans
doute de forts compétiteurs qui aujourd'hui ne participaient pas, inscrits
plutôt pour les M et L du lendemain. Dans ma catégorie spécifique
(Vétéran 1 homme) je suis 12ème / 26.
Le soir j'aurai beaucoup de mal à dormir, tant l'épaule posée
à plat sur le lit me fait mal, et je boiterai trois jours à cause
du genou. Ma chute à vélo est rageante, mais ça aurait
pu être pire. Les incidents et les accidents font partie intégrante
du sport, depuis le temps j'ai l'habitude, je fais toujours des exercices de
gym/muscu/étirements en prévision d'affronter ça dans la
meilleure condition qui soit. Et finalement reste le bon souvenir des aventures
vécues, des émotions éprouvées, et toujours l'envie
de nouveaux défis.
EMMANUEL