Depuis plusieurs mois j'occupe tous mes dimanches matins à aller faire
de la slackline
dans la forêt, c'est vraiment ce qui me plait le plus ces derniers temps,
et c'est pratique ce n'est pas loin de la maison. Mais l'hiver c'est quand même
la période de la neige et du ski, samedi il vient encore de tomber des
flocons toute la journée, je devrais vraiment aller faire un petit tour
dans la montagne pour bien "vivre" la saison. Bien sûr j'ai
déjà emmené les garçons skier en
station, mais partir en ski de rando c'est autre chose, ce sont de plus
belles et sauvages sensations.
Dimanche matin 18 février donc réveil 5h00 et à 07h30 je
suis à pied d'œuvre, au fond de la vallée de Stosswihr, pour
monter au cirque du Frankenthal, où se trouvent les biens connus couloirs
du Hohneck. Tous les skieurs qui viennent faire ces couloirs du Hohneck y accèdent
en traversant depuis le station du Gaschney, ou en passant par derrière
depuis la route des crêtes, c'est le plus pratique. Mais pour une première
visite je veux y accéder de manière "traditionnelle"
depuis le bas, prendre plaisir à découvrir progressivement le
relief, comme une vraie ascension, et me voici donc solitaire au fond de cette
longue vallée. J'ai bien avancé en voiture la montée ne
devrait pas être trop longue, je n'ai pas de carte mais j'ai bien repéré
avant sur Internet, un premier panneau me confirme que je suis dans la bonne
direction, les nuages sont très bas mais devraient rapidement se lever.
C'est parti, le chemin est juste enneigé ce qu'il faut je pourrai revenir
en glissant c'est très bien, beaucoup mieux que de finir le ski par devoir
remonter des pentes comme font les autres gens. Je progresse, je laisse de côté
plusieurs bifurcations qui ne me concernent pas, la neige s'épaissit
sur le chemin. Encore des bifurcations et des mouvements de terrain, je me représente
ma progression sur la carte que j'ai en tête, le téléphone
qui malheureusement ne capte pas ne me permet pas de vérifier. C'est
là-bas en face que je dois aller, pour le moment je suis sur l'autre
versant, mais je ne veux pas perdre la hauteur que j'ai gagné, je continue
par une longue et douce montée pour faire le tour du vallon. Le téléphone
n'affiche pas ma position mais la carte du vallon quand même, ce n'est
pas exactement cohérent mais je continue comme j'ai compris. Et ça
continue... c'est quand même bien long et ça méandre dans
la forêt, je me pose des questions. Si seulement les nuages se levaient
je pourrais voir et tout comprendre, mais non je suis juste sous le plafond,
que des sapins enneigés à perte de vue. Arrivent une maison et
des panneaux qui ne correspondent pas du tout à ce que j'attendais, je
m'interroge : revenir à la voiture et aller prendre la route des crêtes
pendant que j'en ai encore le temps (je dois être rentré tôt
à la maison) ? Mais non je poursuis mon exploration. Au lieu de monter
le chemin continue de louvoyer à flanc de montagne, là ça
ne va vraiment plus, si au moins je pouvais identifier un point précis...
Mais cette immensité de forêt surmontée de nuages est comme
un désert, que je regarde devant ou derrière, à droite
ou à gauche, c'est tout similaire. Encore une maison et un nouveau panneau
qui me situe complètement ailleurs de là où je penserais
être, cette fois je suis bel et bien perdu. Du moins, il sera toujours
facile de revenir sur mes traces, mais perdu = je ne sais pas où je suis.
Ah, j'arrive enfin à un endroit un peu plus dégagé, ça
fait déjà un peu de temps que je marche, c'est le lieu-dit "Wida"
que je peux placer sur la carte du téléphone... complètement
mais complètement ailleurs de là où je voulais aller !
!
Bon voilà j'ai atteint un point caractéristique ça représente
quand même quelque chose, inutile d'aller encore plus loin lançons
nous maintenant dans le retour. Ca ne glisse que doucement il faut pousser sur
les bâtons mais ça descend quand même, je refais tout mon
chemin à l'envers, à quel moment est-ce que je me suis donc trompé,
comment ai-je pu arriver à Wida ? Ca glisse même un peu correctement
c'est bien, je reviens aux bifurcations du début, et puis... Oh Mon Dieu,
à celle-ci le Hohneck était indiqué de côté
et je n'ai pas vu j'ai bêtement continué tout droit ! Et de là
j'ai déroulé une progression similaire à celle de l'itinéraire
escompté, mais à une plus grande échelle, bien au-delà
du Frankenthal où je voulais aller, jusqu'à arriver sur le versant
opposé de la montagne, c'est incroyable. Je suis déçu d'avoir
perdu mon dimanche matin pour rien, mais c'est toujours une aventure, et pour
le coup les sapins enneigés j'en ai mon compte pour la saison. Quelque
part, c'est aussi drôle de se faire ainsi étonner et surprendre
par l'orientation.
Il faudra revenir... Mais pour l'heure je rentre à la maison, je croise deux écureuils sur la route, 10h30 me voici chez moi c'est bien ainsi. Parce que je repars... dans les Vosges de nouveau, mais cette fois avec les garçons pour les emmener au Schnepfenried. On mange et 12h15 départ, 12h30 on prend mon papa au passage chez lui, on arrive à la station c'est rempli de voitures de partout, je dépose mon papa avec le matériel et je vais me garer bien plus loin. On enfile nos chaussures et on arrive sur la neige, mon papa part avec Victor qui a l'objectif d'aller skier une piste noire, je fais le moniteur pour Eloi au petit tire-fesses, Félix préfère rester aussi avec moi. Ca va être le premier tire-fesses de Eloi ! Je lui fais essayer tout seul ? Ou il prend avec moi ? Allez il essaie tout seul... et ça marche voilà le petit bonhomme qui part tiré par la perche. On va faire plusieurs fois la même piste où il fait son chasse neige avec des petites esquisses de virage, ce n'est que la troisième fois de l'hiver mais à chaque fois il progresse c'est très bien ! Félix nous abandonne pour aller prendre seul un grand tire-fesse, puis nous nous retrouvons tous. La piste noire était trop mal damée pour les jambes et skis de Victor mais il a bien skié sur une piste rouge. Maintenant il voudrait aller manger une crêpe... Ahah non pas question, quand Sabina est là le programme consiste autant à manger qu'à skier, mais avec moi pas de temps à perdre on ne se consacre qu'au ski ! Il apprendra ainsi à emmener un goûter dans sa poche pour la prochaine fois. Mon papa repart avec Victor et Félix, je refais encore deux fois la petite piste bleue / verte avec Eloi et c'est déjà l'heure d'arrêter afin de ne pas revenir trop tard. On a entraperçu le soleil à travers les nuages qui se déchiraient, mais les nuages ont fini par gagner, cet après-midi comme ce matin le panorama sera resté bouché. 17h30 nous sommes de retour à la maison, deux AR dans les Vosges, quelle journée !
Acte II - 04.03.2018
Dimanche matin 4 mars : depuis deux semaines il a fait bien froid et il a même encore un peu neigé, c'est un bon hiver en Alsace et dans les Vosges. La météo annonce encore des nuages qui doivent se lever en matinée, allez je vais retenter ma chance aux couloirs du Hohneck. Réveil 05h00, départ maison 06h00, 07h00 la voiture est de nouveau garée au fond de la vallée de Stosswihr. Je pars à pied, skis sur le dos, sur le chemin toujours enneigé juste comme il faut pour me permettre de revenir tout à l'heure en skiant. Cette fois je ne rate pas le bon embranchement, en fait ça monte tout de suite dans la pente, au lieu de tourner à flanc de vallon. Le ciel est complètement dégagé il fait grand beau, la montée dans la forêt est très belle, de toutes parts des cascades de glace surgissent pour se déverser sur le chemin, je longe un torrent qui dégringole la montagne en sautant de rochers en rochers. Il y a quelques embranchements mais c'est toujours bien fléché, quel plaisir de marcher cette fois en sachant où on va !
J'arrive dans le cirque du Frankenthal, face au Hohneck. À droite la crête continue en direction du Col de la Schlucht, et devant moi les pentes sont pleines de petits couloirs, c'est là que ça skie ! Pour une première visite je vais faire les choses tout simplement, en allant remonter le Col de Falimont, la grande pente évidente qui marque la limite entre ombre et lumière dans le vallon.
Maintenant je chausse les skis et les peaux c'est plus pratique et je remonte la pente, c'est une bonne ambiance montagnarde. Ca finit par se redresser et je termine à pied. 09h00 je suis au Col de Falimont, altitude 1300 mètres environ, ça fait 730 mètres de dénivelée depuis le bas.
Je suis tout seul dans la montagne et je vais maintenant descendre cette jolie pente où la seule trace marquée est celle que je viens de faire à la montée. Go c'est parti, à droite à l'ombre c'est resté poudreux, à gauche au soleil c'est plus transformé, mais globalement les deux se skient bien, même pour un mauvais skieur comme moi. Ahah je n'ai pas beaucoup skié ces derniers temps, mais je n'ai pas perdu le goût de l'exercice, c'est une bonne petite descente.
En bas de la pente il y a du monde : des chamois ! Ils doivent avoir l'habitude de voir passer des gens car après avoir brièvement levé la tête pour m'observer ils continuent tranquillement leurs activités.
Me revoilà sur le replat du Frankenthal. Il va maintenant falloir assurer la descente dans la forêt en gardant les skis aux pieds. Je délaisse un instant le chemin de montée, attiré par une belle pente de neige, et il me faut ensuite bûcheronner pour retrouver le fil de la descente. Mais okay j'y arrive bien et je glisse sur le chemin, oh comme c'est agréable. À ski les gros 360 et les grandes pentes me font vibrer, mais plus encore que ça, je crois que c'est glisser paisiblement sur les chemins entre les sapins que j'aime le plus. Quel plaisir tranquille et serein. Les grandes parties gelées de la montée sont maintenant toutes en train de fondre, je les traverse en faisant gicler plein d'eau.
Et ça glisse ainsi jusqu'au parking et à la voiture. 10h00 l'horaire est bien tenu, ça fait 11h00 à la maison le compte est rond ! Je suis ravi de cette première sortie aux couloirs du Hohneck. L'après midi je repars dans la forêt à côté de chez moi, mais à vélo cette fois avec Victor - Félix - Eloi et on fait un feu pour faire griller des saucisses.