Le Miroir d'Argentine est une falaise calcaire située en Suisse dans les Alpes Vaudoises, à la limite entre cantons de Vaud et du Valais. "Argentine" est le nom de la montagne, et "Miroir" le nom de la grande dalle que l'on peut observer de loin miroiter au soleil. C'est un haut lieu de l'escalade, parcouru de grandes voies, depuis très longtemps nous avions envie d'y venir...
Vendredi 14 / samedi 15 / dimanche 16 juillet 2017 : Nedveds Manu, Alain et Luc ont tous trois réussi à faire garder leurs Nedvedons, la météo est bonne, nous sommes en forme, nous allons pouvoir nous retrouver et grimper au Miroir d'Argentine !
Vendredi matin, Nedved Manu profite de la voiture de ses parents qui vont d'Alsace en Savoie pour se faire déposer directement au refuge-restaurant de Solalex, altitude 1469 mètres, au pied du Miroir. Il est 10h00 et les montagnes sont toutes enveloppées de nuages, les grandes falaises se dévoilent par moments et se dissimulent aussitôt. On ne peut pas voir tout le relief, seulement réaliser que ça monte haut, c'est impressionnant.
Nedved Alain n'arrivera de Lyon que dans quelques heures (avec Nedved Luc venu de Paris à Lyon la veille), en attendant Nedved Manu part explorer les environs à la recherche d'un endroit qui irait bien pour poser une petite highline. Une combe par ci, des rochers dans la forêt par là, un chemin encore dans une autre direction... Je crapahute quelques heures durant avec plein de matériel mais sans rien trouver. Mais ça fait toujours de la bonne marche, je découvre la vallée, le soleil apparaît et Nedveds Alain et Luc arrivent. La montagne de l'Argentine et le Miroir s'offrent maintenant entièrement à nos regards, que c'est beau et que c'est grand !
Il y a le petit torrent Anzeindaz avec de jolis rochers qui traverse la forêt pas loin, on va là pour s'amuser un peu : mettre notre kékette au frais, slacker...
...et se baigner !
Puis on retourne au soleil, bien calés entre des rochers qui servent de dossier, et face au Miroir brillant de lumière on étudie et on choisit la voie de demain, topo dans une main et kékette dans l'autre main. C'est décidé on partira pour la Y, la voie classique de la face.
On rentre au restaurant, pittoresque et joli comme tous les chalets suisses. On mange un truc avec du fromage, des pommes de terres, des oignons, des cornichons et une tomate, c'est bien bon mais un peu succinct quand même.
Un dernier rayon de soleil illumine la montagne et puis l'ombre finit par tout recouvrir, on va se coucher au "dortoir des chèvres". Hélas les dortoirs restent toujours des dortoirs, avec des dormeurs... et toujours des ronfleurs. Bref nous dormons tant bien que mal et nous nous réveillons pour une nouvelle journée : on va grimper !
Petite toilette au bachal, petit déjeuner au refuge (bon mais encore succinct...), tri du matériel, 08h45 nous partons sur le chemin pour monter au Miroir. Il y a déjà un peu de monde devant nous mais nous sommes confiants dans notre horaire, pas la peine d'y être trop tôt. Une petite heure de marche et nous arrivons au pied de la voie.
On s'équipe et c'est Nedved Manu qui part en tête dans le triangle rocheux à la base de la paroi. Un petit pas qu'il faut forcer d'entrée de jeu puis c'est facile jusqu'au relais. Les deux autres nedveds suivent en flèche, et on regarde autour de nous : il y a une cordée dans Remix, une autre dans la Directe, deux autres cordées de trois à gauche sur un contrefort de la montagne, et une dernière cordée qui doit être on ne sait pas où. Cool, nous sommes ainsi seuls et tranquilles dans notre voie.
C'est reparti pour L2, Nedved Manu en tête et les deux autres qui s'occupent soit d'assurer ou soit de bien faire venir la corde. Ouhlala c'est plus dur là, il faut se calmer et se concentrer mais okay ça passe. Puis une troisième longueur facile pour aller chercher un relais difficile à trouver. On change nos positions, c'est Nedved Alain qui prend maintenant la tête pour le plus difficile de la voie qui arrive. Mais comme nous sommes observateurs et intelligents nous comprenons que nous ne devons pas être au bon relais, donc nous effectuons d'abord juste une mini longueur intermédiaire pour nous décaler et nous remettre sur la voie.
Et voici Nedved Alain aux prises avec le pas déversant de L4, suivi d'une horrible traversée en dalle. Comme prévu Nedved Alain passe ça comme un chef, pour les suivants c'est plus difficile. Il y a un gros anneau rouillé sur le passage, Nedved Manu explique à Nedved Luc qu'un vieux truc comme ça, on peut maintenant considérer "que ça fait partie de la montagne", donc on a le droit de le prendre, donc on prend l'anneau pour passer et rejoindre Nedved Alain au relais. On continue sur L5, encore une difficile longueur de dalle avec rien pour tenir dessus, que passe brillamment Nedved Alain, avec plus de peine Nedveds Luc et Manu.
Le ciel reste voilé, mais il ne fait pas froid et ainsi le soleil ne nous aveugle pas. A un moment on entend de grands cris sur la gauche: "Fuck ! Fuck ! FUCK !!!". C'est le leader de la cordée dans Remix qui vient visiblement de perdre quelque chose. "I lost my..." De loin on comprend pas trop, "I lost my shoe", on comprend qu'il vient de laisser échapper un chausson qu'il avait du enlever au relais pour se relaxer les pieds. Zut mais on peut pas les aider, Nedved Alain repart pour L6, tandis qu'on voit le second de la cordée de Remix grimper avec plein de de nœuds et d'anneaux de corde autour de lui, bizarre.
Depuis le départ on se trimballe plein de coinceurs, alors histoire de pas avoir transporté tout ça pour rien Nedved Alain en place un bon bien gros dans L6. On change nos places au relais suivant, ça va maintenant être au tour de Nedved Luc de mener la cordée. Derrière les deux autres continuent soit à assurer soit à s'occuper de la corde, et on fait ça trop bien, pas un nœud de toute l'ascension.
Luc commence L7 avec tout de suite un joli passage d'escalade...
...et puis on l'aperçoit ...en train de draguer une fille ! Hein quoi, comment fait-il, d'où vient-elle ?? On grimpe et on retrouve Luc au relais avec la fille : en fait sa cordée était bien avant nous dans la Y, ils sont partis dans une mauvaise fissure et se sont perdus sans plus trouver de points, sont redescendus, et se retrouvent donc maintenant au même niveau que nous. Mais ils montent bien, on va continuer derrière eux sans trop se gêner.
On voit aussi quelques autres personnes au départ du Miroir maintenant. La fille (suisse ou anglaise on comprend pas trop) grimpe avec un garçon (anglais ou autrichien on comprend pas trop) et nous explique aussi que oui la cordée de Remix a perdu quelque chose, pas un chausson, mais on sait pas quoi. Un truc qui ressemble à "shoe, show, shower"... un gel douche ? une cabine de douche ? Mystère...
A part ça l'escalade qui était déjà intéressante devient maintenant carrément magnifique, à partir de L8 nous sommes au centre l'immense dalle que nous remontons en plusieurs longueurs par une magistrale fissure diagonale. C'est parfois facile, parfois délicat, Nedved Luc réussit de beaux passages tandis que la pente du Miroir devient de plus en plus vertigineuse.
La douzième longueur nous mène sous un ressaut déversant, une dernière difficulté à passer pour sortir par une brèche sur l'arête de l'Argentine. Nedved Luc en tête est impérial et nous grimpons à notre tour. 13 longueurs et 450 mètres qui s'achèvent, quelle escalade ! Vous noterez que nous avons reconduit la même stratégie victorieuse que la dernière fois à la Cime des Planettes : Nedved Manu fait démarrer la cordée, Nedved Alain passe le plus dur, et Nedved Luc finit en beauté !
Après il faut marcher un peu sur l'arête de l'Argentine en faisant bien attention, c'est pentu de chaque côté... et on arrive au sommet de la pointe rocheuse dénommée "Haute Corde", altitude 2325 mètres. En face sur l'arête l'autre pointe qui surplombe le Miroir c'est le "Cheval Blanc".
Au cours de la descente on rejoint la cordée de Remix, ah on va enfin savoir ce qui s'est passé... En fait c'est son "insurer" (= sa plaquette) qui est tombé, et ne sachant pas comment assurer le second avec un demi-cabestan, il avait allumé YouTube pour apprendre, tandis que le second montait sur prussik pour lui expliquer, ahah !
On poursuite tranquillement la descente, on croise plein de vaches différentes, des cochons, des pelleteuses, et voilà retour à Solalex avec un horaire correctement tenu pour cette belle et grande aventure.
On s'attable au restaurant, on commande une fondue au bolet délicieuse, et en guise de dessert on rajoute une fondue à l'échalote tout aussi bonne. Malheureusement il faut retourner se coucher au dortoir... et subir encore les ronflements des vieux qui ne savent pas faire passer la nuit autrement qu'en faisant plein de bruit.
Dimanche matin on se réveille avec quelques courbatures, on démarre la voiture et on va prendre un petit déjeuner un peu plus bas dans la vallée à Gryon. On continue à rouler en passant par Villars-sur-Ollon et Ollon, c'est cool parce que comme à la montée j'étais passé par Bex, ça fait ainsi une boucle. Dans un virage on a simultanément vue sur les Dents du Midi, le Miroir d'Argentine, les Drus/Aiguille Verte et le lac de Genève !
Puis on continue par la rive sud côté français du lac (Nedveds Alain et Luc étant passés par l'autoroute suisse à l'aller c'est cool ils font ainsi une boucle) et on s'arrête un peu après Thonon pour se baigner dans le lac, pic-niquer et s'offrir un Ti'Punch.
Nedved Manu est ensuite déposé à l'aéroport d'Annemasse où il récupère un parachute qu'il avait en révision et où il a RDV avec la voiture familiale pour rentrer en Alsace. Nedevds Alain et Luc roulent jusqu'à Lyon, et Nedved Luc prend finalement le train pour rentrer à Paris. C'est un WE de montagne et d'escalade entre amis totalement réussi !
