Les Nedveds au Mont Aiguille
.by Nedveds Manu (I, II, IV) & Vincent (III)




Acte I: 20 mai 2002

" Nedved Manu arrive trop tard "

Nedved Manu prend sa voiture et part seul de Lyon, monte la voie normale du Mont Aiguille avec son parapente sur le dos pour décoller du sommet mais y arrive trop tard, la face sud génère des mégas thermiques qui lui donnent pas trop envie d'y aventurer ses plumes, il attend jusqu'à la fin de l'après midi que ca se calme mais le vent est maintenant tout de travers, une tentative, ça décolle mais ça bouge dans tous les sens, repose, rédécollage, reposage, gouttes de pluie et désescalade pour finir de la voie normale, sans assurance bien sûr et avec le gros sac sur le dos - un bon moment - et décollage pour finir du col de l'Aupet pour rejoindre le parking.



Acte II : Samedi 24 mai 2003

" Nedved Manu est en retard "

Alors voilà, vendredi matin j'ai visité les bijoutiers à Romans et après l'aprem j'ai un peu anticipé mon WE en montant décoller à Chamechaude. Très bonnes conditions, seulement voilà y'a d'autres parapentes experts qui arrivent à l'horizon parce qu'ils sont en train de faire un circuit, je me dis "ouais vas-y Manu tu peux les suivre", je quitte la zone confortable de Chamechaude... et je n'arrive même pas à faire la moitié de la transition nécessaire jusqu'au sommet d'en face et je me pose dans un champs plein de sauterelles. Mais bon, c'est l'apprentissage... Nedved Vincent: le jour où tu auras ta voile, tu montes à Chamechaude une fin d'après midi tranquille, le coucher de soleil face à toi, et tu verras le pied que c'est!

Après j'étais dc à Grenoble et c'était peut-être possible de voler encore le lendemain, je pouvais dormir dans la voiture mais il y avait encore du soleil et tout ça et ça me faisait chier de jouer les solitaires alors je me suis invité, moi et mes chaussettes qui puent, chez Sara. Comme ça j'aurai vu son appart de luxe qu'elle quitte bientôt pour une maison encore plus grande! Le lendemain je me lève à 6.30 et je vais au Mt Aiguille, je suis au sommet à 10h15, le vent est bien orienté, mais...rafales à 50 km/h ! J'aurais bien du m'en douter mais bon j'ai voulu essayer quand même et puis voilà. Je descends en rappel sur la corde de 2 mecs qui étaient là et qui coincent à chaque fois leur rappel en faisant des tas de noeuds, pas très doués les gars. Je rentre chez Sara sur le coup de 15h, elle est toute contente parce que je lui avait dis "oh ouais à 11h grand maximum je serai rentré et on pourra aller se balader...", du coup elle part se balader chez Casto avec ses parents et puis moi je rentre chez moi voilà voilà et le lendemain dimanche je passe la journée à travailler.

Retenons ce trait typique du Nedved qui conciste à rentrer de sa montagne 2 fois plus tard que ce qu'il avait annoncé.

Remarque de Nedved Alain :

ça marche aussi avec la salle d'escalade : 15h , "ouai, normalement je serait rentré à 9h30..." 10h30 , "coucou ma chérie d'amour, bon, surtout ne t'énerve pas, mais je suis dans le vestiraire de mur-Mur, je viens de me ridiculiser en t'appelant chérie d'amour avec une voie complètement niaize, et j'arrive dans une demi heure. Bisous partout. Et merde !".



Acte III: Dimanche 17 Août 2003

" Ascension de ce magnifique sommet qu'est le Mont Aiguille "

Cela fait maintenant 3 jours que Nedved Alain a rejoint Nedved Vincent à Grenoble. Depuis 3 jours, les compères se préparent, avancent vers un seul et même but, l'ascension du Mont Aiguille.
Ces 3 jours sont composés de 2 journées d'escalade en falaise sur le site du vallon de la Fauge dans le Vercors, joli petit site à l'ombre (non négligeable en ce moi d'août 2003 !!) avec vu sur les crêtes du Vercors. Le troisième jour est consacré à l'ascension du Petit Som en Chartreuse, afin de se préparer à la marche d'approche du Mont Aiguille et de se reposer les doigts après le travail de voies techniques.

Le jour j est arrivé, les 2 jeunes impétueux, encore au volant de leur voiture mesurent désormais leur arrogance et leur folie lorsque se dresse devant eux la vertigineuse face nord du Mont Aiguille, telle la proue d'un navire géant. En effet, les deux ingénus ne se lancent pas dans la voie normale (réalisable en baskets), mais dans la fameuse " Voie des Etudiants ", quottée TD, 6a max en libre, et comportant deux longueurs en 6a+ (cf. le site alpinisme.camptocamp.com). Les deux candides doivent après une marche d'approche de 900 mètres gravir 200 mètres de falaise vertigineuse, " verdonnesque ", pour reprendre les mots de Nedved Alain.

Arrivés vers 10h 30 au pied de la face est où 5 cordées encombrent la voie normale, les deux naïfs qui à cette heure ne le sont plus tant que ça, contournent le mont pour se retrouver en bas du pilier sud. Après un tirage au sort, une fois n'est pas coutume, perdu par Nedved Alain, celui-ci s'élance à froid dans la première longueur en 5b avec quelque peu d'appréhension, le colosse au bord de larmes. En fait, les deux compères randonnent dans les 3 premières longueurs à leur niveau. A signaler une belle perf d'Alain dans le 5c aérien pas très évident de la 3ème longueur.
Tan tan tan tan : c'est l'heure du premier 6a+… la queue basse, Nedved Vincent écoute les derniers conseils du coach Nedved Alain, un petit " au pire tu meurs " pour relativiser et c'est parti. Départ gazeux excentré du relais dévers quasi immédiat nécessitant la pose d'un coinceur, arrivée vers le premier spit, serrage de fesses lorsque le coinceur se détache alors que Vincent passe la corde dans la déguaine, " sssseeeecccc !!##%&!!". Ouf, on respire. Et ainsi de suite pendant 10 mètres de dévers avant les 35 autres un engagés.

Tan tan tan tan : c'est l'heure du 4b de repos avant la tempête du 2ème 6a+. Alain s'élance gaillard sûre de sa technique dans 4, 10 mètre de dénivelé avant de trouver … un piton rouillé. A ce moment Vincent lui lance très à propos un " au pire tu meurs ". Très vite, les zigotos se rendent compte qu'ils se sont trompés de voie, que le 4b est en fait approximativement un 5c et qu'une fois n'est pas coutume, le coup foireux est encore tombé sur Alain. Bilan, 5c avec 3 pitons dont 1 branlant sur 20 mètres, chute abondante de pierres dont 2 atteignirent Vincent (qui laissa échapper un murmure de jouissance) et un slip tâché.

Voila, Dumb & Dumber sont au pied de la dernière longueur, un 5c pensaient-ils en ricanant. Une fois n'est pas coutume, ils se mirent le doigt dans l'œil jusqu'au rectum et une fois n'est pas coutume, le sale coup tomba sur le mangeur de piments. 20 minutes plus tard celui-ci atteint péniblement le 1/3 de la voie en gémissant " si si, c'est un 5c mais ch'uis cuit ". 45 plus tard, Nedved Vincent s'impatiente se demandant comment ils allaient expliquer un bivouac dans un 5c au Mont aiguille. 1 heure plus tard, c'est la délivrance. Le guyanais atteint le relais et ptit Vincent " the last but not the least " s'apprête à le rejoindre. Et là, quel fût pas son désarroi lorsque, pendu comme une merde dans son baudard, il se rendit compte de l'exploit de son acolyte. Celui-ci venait de sortir un … 6b !!! , et ainsi, à 18h, de déverrouiller la porte qui donnait accès au sommet mythique et historique sur lequel on disait au moyen âge qu'il était habité par des Muses et autres fées nues à forte poitrine.



Acte IV : Dimanche 14 septembre 2003

" La revanche de Nedved Manu "

La veille Nedved Manu n'a pas réussi une grande journée: le matin il a voulu aller faire un p'tit saut d'avion à Corbas mais y'avait trop de vent les gens du centre ne voulait pas laisser sauter une personne inexpérimentée et irresponsable comme lui, après ça il a passé deux heures à chercher sa carte bancaire sans la trouver, et roule deux heures pour aller aux fiançailles d'Anne-Marie (la soeurette) et Benjamin, avec Pierre (le frérot) à côté dans la voiture qui n'arrête pas de toucher aux boutons, de monter et descendre la vitre, de mettre l'autoradio à fond, de réclamer un arrêt au Mac Do, de trafiquer la ventilation et de dérégler le siège... Arrivée aux Lanches, apprenti-Nedved-Marc est là mais vite vite une p'tite montée au p'tit col pour un p'tit décollage du soir, l'air est tout calme quand je tire le frein ça enfonce comme une voile de parachute! Je prends pile la maison comme point d'aboutissement et au dernier moment avant de percuter le toit quart de virage à gauche pour poser parallèle aux maison, woualégaine quand même! Le soir les repas de famille c'est pas mon truc, je vais vite me coucher.

4h30, réveil, p'tit déj et arrivée à 7h40 à la Richardière pour retrouver les base-jumpers: Pascal Martinez que j'étais déjà aller voir sauter dans les gorges de Choranche, Clacos l'homme aux quasiment 1000 sauts de base, et 3 suisses, Yves, sa copine Muriel et un dénommé Pouti qui sautent aussi tous les trois. Ils ont dormi à l'arrache sur le parking mais vont se réconforter en allant prendre le p'tit déj à l'auberge, moi je trépigne d'impatience parce que pour le moment les conditions ont l'air bonne mais la météo annonce du NE grandissant en cours de journée... Ca me fairait bien chier de redescendre à patte une troisième fois!
9h45 on se met en route, putain ils ont la frite! C'est sûr une voile de base ça pèse moins qu'une voile de parapente et je suis comme je peux. Muriel abandonne, crise d'asthme, dommage elle est vachement mignonne et j'aurais trop aimé la voir sauter. Bon on continue, col de l'Aupet, quand on double les gens les sacs de base passent inaperçus par contre moi évidemment je me fais remarquer...
- Ohlala tu as vu Georges le gros sac du monsieur...
- Non mais dites donc p'tit jeune, c'est interdit ça ici !
C'est comme ça, y'a des vieux cons pour qui le suprême plaisir est de se prendre pour les gendarmes et de rappeler tout ce qui est interdit, même quand l'interdiction est complètement stupide ils prennent leur pied à faire la morale sans se rendre compte qu'ils fairait mieux de profiter de leur rando et encourager ceux qui vont tenter de grandes choses...
On arrive au pied de la voie normale, on s'équipe, bon on s'encorde déjà ? Ouais non tout le monde s'y sent, et puis ca permettra de doubler la douzaine de cordée qui avancent à une vitesse d'escargot.
- Ca te gène si je passe? demande avec toute la gentillesse possible Yves à une fille.
- OUI !
- Okay c'est pas grave... Et hop Yves djerte la fille sur le côté et double, ah mais!
Moi je suis derrière avec Pascal, Yves et Pouti ont déjà pris 50 mètres d'avance et la corde est dans leur sac!
- Oh les gars vous envoyez la corde qu'on s'assure?
- Ouais non trop tard on est trop loin...
Les autres cordées hallucinent, on est pas encordé et on gueule "mais où est la corde?" comme des malades, on a pas de casque et Pascal a le crane tout défoncé (points de suture + oeil au beurre noir) de son dernier street fighting contre trois melons, on double tout le monde...
On arrive aux cheminées de la fin, là c'est carrément embouteillé, il faut attendre et ça commence à dégénérer:
- Eh Pascal alors tu l'a revue la file du restau italien?
- Celle au bon gros cul? Ouais bien sûr!
- Gros cul? Eheh, devant aussi y'a tout ce qui faut...
Et ainsi de suite, on est les seuls à parler, silence gêné et désaprobateur des autres cordées venue chercher calme et silence dans la contemplation de la montagne. Putain mais ça avance pas, au-dessus de moi y'a une fille coincée dans le surplomb et trois cordes qui s'empilent en plus du cable, c'est pas tout ça mais nous on a un petit base sur le feu alors bonzaï on bourrine un bon coup et on la double en plein surplomb!

On finit par arriver au plateau sommital, 2h45 en tout depuis l'auberge de la Richardière, compte tenu du temps passé à attendre dans la voie y' rien à dire c'est un bon chrono. Bon alors petite tendance NE en altitude mais pas trop perceptible au niveau du plateau, ca alterne avec les bouffées thermique de la face S, bon sang mais c'est que ça va peut-être le faire! Pascal, Clacos et Yves s'équipent, Pouti explique qu'il n'a en fait qu'un seul saut de pont à son actif et qu'il va utiliser sa voie de base comme un parapente pour décoller en courant, il est complètement inconscient ma parole! Je me fais avoir pour la répartition du matos, comme j'ai de la place dans la sellette c'est moi qui récupère la corde et les dégaines qui en plus ont servi à rien. Yves se remplit quand même les jambes de sa combinaison avec des mousquetons et il va aller sauter comme ça, c'est sympa pour moi ça m'allège mais au secours pour lui encore un autre gars complètement inconscient!
On descend au bord de la cassure de la face S pour repérer l'endroit du saut, pendant ce temps Pouti a préparé sa voile et lance son déco: il se met à courir, sa voile de base se gonfle et monte vaguement au-dessus de sa tête mais reste toute molle, le moins qu'on puisse dire c'est que ça vole pas encore! Mais il continue à courir et descend tout le plateau, la cassure approche et la voile est toujours toute flagada au-dessus de lui, il va s'arrêter... non il continue, plus que 10 mètres cette fois il faut s'arrêter... il accélère, la voile ne ressemble qu'à un bout de chiffon plus ou moins informe, plus que 3 mètres, 2 , 1... un grand pas d'élan dans 300 mètres de vide, la voile s'enfonce... et se mêt enfin à voler, y'a rien à dire il est complètement taré! Pascal, Clacos et Yves se fendent la gueule, je suis bien entouré...
Les émotions ne sont pas finies, maintenant c'est au tour de nos trois base-jumpers de sauter. Moi je me met à 30 mètres à côté au bord de la cassure, j'ai une bonne vue et je filme. Yves saute en premier, avec son pantalon blanc on le voit bien, super position, super élégant, 6 secondes et on entend le grand bruit de la voile qui s'ouvre en dessous, il l'a fait! Pascal suit à son tour puis Clacos, ça y est les trois guedins de service sont sous voile en train de gueuler leur bonheur.
Bon ben c'est pas tout ça je me retrouve tout seul c'est mon tour de descendre, et pas question d'y aller à pied je dois moi aussi réussir mon déco! Installation, préparation de la voile, je bourre comme je peux les 90 mètres de rappel de Nedved Alain, je rajoute la quincaillerie, la tonne d'affaires, ma sellette pèse 3 tonnes, je me sens come un semi-remorque au départ d'une course de Formule 1 ! Je m'élance, mais putain pas beaucoup de vent, pas facile de courir, la voile monte mais sans plus ça porte pas, je m'arrête. Bon d'accord va falloir mieux assurer. Je remonte plus haut, je choisis la meilleur ligne de pente, je remonte les bretelles de la sellette pour éviter que ça ne me tape trop les jambes, j'attends un bon cycle, là ça y est, la voile monte elle est belle, je cours et ça décolle! Yes mon gars! Ouhlà, ca descend vite et ça plane pas beaucoup, j'avance en direction du bout du plateau en perdant de la hauteur, un point bas à 2 mètres du sol... je serre les fesses et remonte les jambes, ça y est je suis à la cassure, ça passe et je me retrouve au-dessus du vide, houra j'ai enfin réussi à décoller du Mont Aiguille! Je suis trop heureux et je chante en l'air, les conditions thermiques sont généreuse et y'aurait facilement de quoi partir en cross dans le Vercors mais c'est pas l'objectif, je me fais doucement descendre vers les autres compères qui ont posé en bas. A 100 mètres du sol ça bouscule un peu et à vrai dire je gère pas très bien mon approche, je finis par un slalom aux oreilles entre les arbres et la ligne électrique mais qu'importe ça fait du fun et puis les attéros woualégaine je commence à avoir l'habitude, ahahah si les gars de Corbas voyaient ça!

Et puis voilà, retrouvailles, je me fais engueuler parce que j'ai pas zoomé assez les sauts mais tout le monde est content, le Mont Aiguille est au-dessus de nous, on l'a sauté, décollé et decollé-sauté, c'est d'la balle, pensée émue pour les rappeleurs d'interdictions qui doivent toujours être en train de s'échiner sur le chemin et pour les cordées en chaussons toujours bloquées dans les cheminées en III sup, il fait beau, c'était mon 117ème vol et assurément un des plus beaux, c'est le bonheur.

En plus de ça le soir je retrouve enfin ma carte bancaire... dans mon porte-feuille !

Pascal, Manu et Clacos au sommet,
l'ambiance est bonne !
 

 




Pascal et son regard de play-boy...

 


...et Manu tout excité parce qu'il se dit qu'il va peut-être enfin le réussir ce déco !
 

 

A l'attero on retrouve les mêmes, la joie des vainqueurs en plus.

Derrière, le Mont Aiguille face S !


Pascal et Pouty au pliage, Clacos à la caméra.
(Manu on lui fait plus confiance...)
 

  Clacos et Pascal...

 


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