Aliet, escalade arête O et traversée N/S |
by Nedveds Manu, Alain, Marc, Damien et Vincent C.
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La vallée de Peisey Nancroix est encadrée par le Mont Pourri, sommet bien connu de l'alpinisme en Vanoise, et Bellecôte dont la face nord placée juste devant chez Nedveds Marc et Manu aux Lanches constitue un sacré terrain de jeu. Entre ces deux montagnes la pointe de l'Aliet est moins parcourue mais pourtant emblématique : son profil triangulaire-pyramidal capte immédiatement le regard et elle forme ensuite une longue crête jusqu'au lac de la Plagne, c'est carrément la pièce la pièce centrale de la vallée !
...peu parcourue pourtant, parce que même si élégamment empilés ce n'est jamais qu'un gros tas de cailloux et que la marche d'approche demande tout un détour. Dans les 100 plus belles (Vanoise) de Rébuffat elle a donc sa place, mais avec une description de l'itinéraire très succincte bien typique de cette collection: tout au mieux on vous dit juste par quel côté de la montagne passer...
Les Topos de la Vanoise n'en parlent d'abord pas...jusqu'aux éditions 1996 puis 2007 qui présentent le travail réalisé pour créer un itinéraire sportivement intéressant, bravo aux guides qui en sont les auteurs et vive le Topo de la Vanoise !
Août 2008, troisième semaine des vacances. Il y a aux Lanches Nedveds Alain et Manu avec femmes et bébés, Nedved Marc avec famille et copains, et aussi Nedved Vincent à Vallandry.
Entre les purs grimpeurs et les rudes mangeurs de dénivelée il faut trouver un objectif commun, l'Aliet dont la silhouette fait depuis longtemps fantasmer Nedved Marc et dont les quelques heures de marche d'approche épouvantent Nedved Alain est unanimement désignée but de l'expédition nedvede de l'été par Nedved Manu.
La météo est belle et on l'optimise finement en décidant de ne pas monter mardi au refuge d'Entre Le Lac mais mercredi pour ainsi vraiment profiter jeudi de la plus belle journée avec le plus de soleil, la meilleure visibilité et le moins de vent.
Apprenti-nedved Damien nous rejoint de Grenoble pour participer lui aussi à l'aventure, ainsi que Vincent, un autre grenoblois, copain de François le copain de Laure la soeur de Nedved Marc. Ouhlaaa sur le coup ça fait froncer les sourcils à Nedved Manu d'incorporer ainsi à la cordée une personne que personne n'a jamais vu à l'œuvre en montagne, surtout que la course se déroule en terrain aventureux et qu'au moment de faire les sacs Vincent nous demande qui pourrait lui prêter un pantalon... Diable avec quel équipement est-il donc venu ? Mais ce n'est qu'une fausse alerte, Vincent avait cru qu'un vrai pantalon de montagne était nécessaire, Nedved Manu le rassure en lui montrant son pantalon tout recousu de partout et vieux de vingt ans mais toujours fidèle au poste et Apprenti-nedved Damien enfonce le clou du n'importe quoi en décrétant que ses Adidas taille basse toutes lisses et toutes blanches serviront à la fois de chaussures de grande randonnée et de chaussons d'escalade.
Mercredi 20 août voilà notre petite troupe se met en route, nous sommes aussi accompagnés de Miguel et François, des copains de Marc qui randonneront avec nous jusqu'au collet de l'Aliet, le terme de la marche d'approche. La montée au lac de la Plagne est une formalité, bien sûr la course pourrait se faire en un jour mais ce sont les vacances alors autant profiter du sympathique refuge d'Entre Le Lac et prendre le temps de voir la montagne se transformer en fin de journée, voir flamboyer les sommets et disparaître dans l'ombre la vallée.
Après une bonne douche frigo-revigorante, place au repas ! Le canard-purée est fameux et remporte tous les suffrages à part pour Nedved Alain pour qui ça a du mal à passer...mais le petit digestif gentiment offert par le gardien cale tout bien en place, puis quelques tours de jeux de cartes concluent une bonne soirée et nous allons sagement nous coucher, la grosse locomotive à vapeur Damien se met tout de suite à ronronner et siffler mais vite nous la stoppons et voilà bonne nuit tout le monde.
Jeudi 21 août 06h00 le réveil sonne, petit déjeuner et une heure après nous voici sur le chemin du collet de l'Aliet. La remontée du vallon de Plan Richard est de toute beauté, le soleil gagne les pentes en même temps qu'apparaissent tous les sommets classiques de Vanoise et bien sûr le chemin serpente entre affleurements rocheux, tourbières à linaigrettes et petits lacs, aaahh les petits lac alpins coincés entre pelouses d'altitude et rochers d'où tombent en cascade les ruisseaux issus des glaciers tous proches moi vraiment j'adore !
Je fais bien part de mon sentiment à mes compagnons mais ces rustres et grossiers garçons n'ont pas l'humeur poétique, Nedved Alain se plaint de mes pets, Nedved Marc a déjà plein d'ampoules et Apprenti-nedved Damien est évidemment une vraie pipelette.
On repère aussi l'itinéraire entrecoupé de plusieurs rappels qui de la pointe de l'Aliet suit toute la crête sommitale jusqu'au petit Mt Blanc de Peisey.
Deux heures de sympathique randonnée et nous atteignons le collet de l'Aliet, nous nous séparons de Miguel et François qui ne grimpent pas, ils vont continuer leur balade en longeant le glacier des Pichères pour aller jusqu'au col de Plan Sery. On monte dans les premiers gradins rocheux et on arrive au départ, le premier passage de grimpe est équipé de plusieurs points. Nedveds Alain et Manu forment une première cordée en réversible, Apprenti-nedved Damien se met en flèche avec Nedved Marc et Vincent sur une seconde cordée et c'est parti !
L'escalade n'est pas bien dure et pour tout dire en louvoyant entre blocs et
couloirs sur les côtés de l'itinéraire on pourrait bien
monter tout seul à quatre pattes, mais des vrais mouvements d'escalade
sur du vrai rocher c'est quand même plus gratifiant et nous prenons plaisir
à suivre le fil de la voie. La cordée Alain-Manu pâtit du
zèle de Damien qui veut toujours aller plus vite que la musique et qui
empiète systématiquement sur nos prises et nos points. Le panorama
sur les sommets environnants est très intéressant : quand on connaît
par cœur tous les points de vue classiques de la vallée c'est original
de se retrouver ainsi haut perché entre Bellecôte et Mont Pourri
et c'est une belle occasion de se laisser surprendre et émerveiller.
Le rocher lui aussi est original et l'escalade variée : de la dalle, des réglettes, des arêtes, du petit surplomb...quel plaisir ! Nedved Marc se tire un peu beaucoup aux dégaines quand même, nous arrivons à une première pointe qui se contourne côté Mont Pourri et c'est la dernière longueur, au choix un petit 5 où un passage à l'ancienne par une boîte aux lettres nous choisissons de grimper la première solution et c'est le sommet !
Hmmm un peu branlant le sommet hein, sans doute appelé a vivre prochainement quelques radicales transformations... On est en tout début d'après-midi on a juste été un petit peu plus long que l'horaire du topo ça va bien, même si on sait que la traversée des arêtes qui suit va être longue sauc' et fromage récompensent déjà cette première étape. Apprenti-nedved Damien est tout attendri de voir d'ici la Haute-Maurienne de son enfance et nous nous remettons en route.
Le parcours d'arête est tout hérissé de gendarmes et planté de lames de rochers qui ne demandent qu'à s'écrouler il faut avancer délicatement et nous arrivons au premier rappel, 25 mètres un relais et 50 mètres de nouveau pour descendre au fond de la brèche du grand gendarme. C'est gentiment gazeux (tiens donc, est-ce que ça ne sauterait pas en base côté Plan Richard ?), Nedved Marc prit d'un grand élan d'amour essaie d'étreindre Nedved Manu quand il lui arrive dessus bien fort au relais mais non ce n'est pas le moment et nous voici tous en bas de la brèche.
Apprenti-nedved Damien jamais en reste d'un bon plan tordu voulait absolument gravir le grand gendarme mais on se rend bien compte que l'horaire tourne et que la recherche de l'itinéraire prend du temps alors non il faut continuer. Le grand gendarme se contourne côté Mont Pourri, on remonte de l'autre côté de la brèche et il devient temps de se décorder.
C'est maintenant de la randonnée sur un large plateau rocheux pour atteindre le deuxième grand rappel que nous descendons sans soucis et heureusement la corde ne se bloque pas dans les petits éperons tous plein de cailloux empilés n'importe comment, ça se sont des rappels qui mériteraient plus de passage et plus de nettoyage ! Ensuite il faut encore remonter un peu et là c'est bien galère parce que le topo ne donne pas beaucoup de précisions (oui bien sûr jusqu'au petit Mt Blanc de Peisey par le côté Champagny / Plan Richard, mais d'abord remonter sur l'arête en se tenant côté Mont Pourri!), à trop se tenir sur l'arête on s'oblige à faire un rappel complémentaire et à cinq évidemment ca prend encore du temps, on finit par arriver au petit Mt Blanc de Peisey, un peu d'interrogation anxieuse mais par où est-ce que ça descend donc ah ouf Nedved Manu trouve l'arête qui descend côté Mont Pourri et on retrouve la végétation, ensuite c'est Vincent qui prend la direction des opérations et qui nous mène par un couloir d'éboulis, une traversée de pentes d'herbes et un dernier passage dans une barre rocheuse qu'il ne fallait vraiment pas rater jusqu'au chemin de Plan Richard, bien joué Vincent !
Pendant toute cette descente escarpée Damien et ses Adidas de touriste lisses et blanches n'arrêtent évidemment pas de glisser mais on ne lui en veut pas : depuis le temps que nous connaissons ce farfelu personnage le moment est venu de cesser de l'appeler apprenti-nedved, en même temps que nous finissons de nous déséquiper nous l'intronisons très officiellement Nedved Damien, une canette de Pelforth transportée durant toute la journée par Nedved Alain vient sceller ce grand moment.
Et puis il ne faut pas traîner alors on se dépêche de repasser au refuge signaler que notre course s'est bien déroulée, un petit coup de digestif de nouveau et nous reprenons le chemin de la vallée dans le noir ca y est la nuit est maintenant tombée. Deux lampes pour cinq ce n'est pas simple mais Nedveds Marc et Manu connaissent le chemin par cœur et Vincent avance dans l'obscurité comme un plein jour alors finalement ce sont comme toujours les genoux qui font le plus souffrir. Nous arrivons à la maison un peu avant minuit, nous avions déjà téléphoné pour prévenir de notre retour tardif donc pas d'inquiétude pour personne, juste une belle ascension à raconter et de bons souvenirs à garder en mémoire.