Ski rando Pic ouest de Combeynot, highline Pierre du Quart, vie lyonnaise...

Samedi 2 juin 2012, réveil à Lyon 02h00, je roule jusqu'au col du Lautaret, je croise un renard sur la route et à 06h00 me voici sur le chemin pour attaquer la montée au Pic ouest de Combeynot : il y a aujourd'hui une exceptionnelle combinaison de beau temps, travail mis entre parenthèses et garde des enfants, c'est le moment de profiter de la meilleure saison de la montagne, quand les sommets sont encore enneigés et majestueux et les vallées déjà vertes et riantes.
La neige commence juste après dix minutes de marche, c'est la promesse d'une bonne descente au retour. Je monte tranquillement, le regel est un peu inégal selon les secteurs mais globalement bon (c'est que moi je préfère monter à pied qu'à peaux).

Pic ouest de Combeynot, c'est parti ! Au loin le Pic Bayle, un très bon souvenir de vol parapente. Vue sur la Meije. Bientôt le sommet !

Il y a une grande pente qui se redresse, puis un petit mur, une partie un peu tourmentée, encore un petit mur, la pente finale et je suis sur l'arête sommitale entre 09h30 et 10h00. Altitude 3155 mètres, joli panorama au sommet, et comme toujours sentiment de quiétude bienheureuse.

Panorama au sommet. Grand Galibier, Vanoise et Pic est de Combeynot. Vallon de Fontenil et lac de Combeynot.

Je vois plusieurs personnes qui montent en dessous mais toutes s'arrêteront en cours de route : l'heure tourne et la neige chauffe, tandis que dans la descente que j'attaque ils peuvent voir que ça reste piolet crampons obligatoires.
J'atteins le petit col entre débouché du glacier de Combeynot et mur de neige supérieur, je chausse là et ensuite... ça skie tout le long, de bien dur au début jusqu'à très transformé à la fin, mais tout le long du ski qui me rend remplit de plaisir. Oubliées les inquiétudes qui me tourmentent toute la semaine sur le devenir du travail et l'hospitalisation de ma petite fille, je ne suis qu'au plaisir d'enchaîner les virages... tout en chantant tellement c'est bon. Je rattrape un sympathique couple de grenoblois, on papote un peu, on se prend mutuellement en photo, je reprends le ski et voilà la fin de la neige et la descente qui s'achève.

Allez maintenant ça ski ! Bon ski ! Agréable montagne, bonne ambiance. Philippe & Emilie, les grenoblois.

Je remets les skis sur le dos et il ne reste plus que quelques minutes de marche entre herbes et cailloux qui se prélassent au soleil. Ce n'était que ma troisième sortie en ski de rando de la saison, mais qu'importe la quantité quand le plaisir et là et que se fabriquent les bons souvenirs.

Fin du ski. Sur la route du col du Galibier, vue sur les Pics de Combeynot.

Il est midi, encore un peu de parlote avec des suisses au parking et je repars en voiture : direction Aix-les-Bains, pour faire une boucle je passe par le col du Galibier, je croise une marmotte qui se chauffe les fesses sur la route, puis Valloire et la Maurienne. Je roule jusqu'au bout du lac au site de la Pierre du Quart où il y a une highline en cours, je retrouve Alain et plusieurs autres connaissances.
Alors qu'on pourrait rester tranquillement en bas, voilà qu'on s'échine à remonter le long d'une corde en plein cagnard pour rejoindre un relais gazeux d'où part la slack qui traverse le vide... voilà le cadre de la highline. Et ça se corse encore plus quand on s'y attache, que l'on s'assoit dessus et qu'il faut ensuite pousser sur les jambes pour se lever... J'ai trop peur !

Déjà venir jusqu'à s'assoir là c'est toute une histoire... Je me lève... Je slacke !

Mais allez à force d'entrainement je dois maintenant en être capable, je démystifie une première fois la chute, puis deux, puis trois, et à chaque essai je parcours ainsi plusieurs mètres, mais c'est déjà beaucoup d'émotion et la force me manque pour enchaîner toute la traversée, je suis lessivé comme une vieille culotte. Mais quelle très bonne sensation de marcher ainsi dans le ciel, les pieds nus sur la slack et tout le corps en équilibre !

Highline et lac du Bourget. Highline Pierre du Quart.

Retour à Lyon, je retrouve Sabina et mes petits garçons, quelle journée !

Dimanche 3 juin 2012, je suis maintenant de garde à la maison. Il pleut fort, j'en profite pour sortir mon grand ficus sur le trottoir pour lui dépoussiérer les feuilles. Comme la pluie tombe de biais je le tourne régulièrement afin qu'il s'arrose bien de partout. Il est midi, entre-temps on est à table. Je le prends même en photo tellement je suis content du bien que ça lui fait.

...

Et puis alors que je vérifie par la fenêtre une dernière fois que le vent ne l'a pas fait tomber... disparu ! On l'avait à la maison déjà quand j'étais tout petit avec mon frère et mes soeurs. Je l'avais emmené à Paris avec moi. Revenu à Lyon, toujours dans mon appartement. Et bien voilà, emporté, volé, enlevé ! Mon arbre, un être vivant, qui faisait partie de la famille, sérieusement !

Lundi 4 juin 2012, je me réveille avec une sale boule au ventre, où est donc mon arbre en ce moment, qui l'a transporté où ça, quelle orientation, quelle lumière reçoit-il, que va-t-il devenir ? Je me sers de la photo prise par la fenêtre pour placarder un avis de recherche dans tous les immeubles de la rue, j'interroge tous les passants... sans succès. Quand mon téléphone sonne j'espère que c'est la personne qui l'a emporté qui se manifeste, mais non... Quand ça sonne à la porte idem, mais non c'est toujours pour autre chose... et quand l'interphone sonne et que j'entends enfin : "Allo, Mr Bernard, j'ai votre ficus, je vous le rapporte" je m'écroule de soulagement : c'était donc un voisin qui avait pensé qu'il était abandonné et qui l'avait pris pour chez lui, ah quel con, mais il semble quand même de bonne foi, je suis partagé entre l'envie de l'étrangler ou de l'embrasser... Allez tout est bien qui finit bien !

EMMANUEL

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