Un livre très très intéressant parut chez Glénat en 2016 : "Les prisonniers de l'inutile".
A l'époque où j'étais adolescent dans les années 90 les Bruno Gouvy et Jean-Marc Boivin faisaient déjà partie de la légende du sport extrême (pente raide, base...) en montagne. Puis quand ce fut le tour des himalayistes (Pierre Béghin, Benoît Chamoux, Eric Escoffier...) de disparaitre je lisais chaque mois Vertical et Montagnes Magazine.
Entre images grand frisson et récits grande altitude, j'ai rêvé toute mon adolescence des réalisations de ces montagnards polyvalents. Depuis je skie, je grimpe, je vole en parapente, je saute en parachute, je slacke... à mon petit niveau simplement, mais avec une envie similaire de réaliser de belles choses, qui mettent technique / physique / mental à l'épreuve, puis d'en ramener de bons souvenirs.
Cependant... les accidents ne sont jamais loin, c'est surtout ce que raconte l'auteur qui a vu tant et tant d'amis périr en montagne. Je cite un passage particulièrement édifiant :
(...) des réussites, des exploits, mais parallèlement à ces performances, des morts et encore des morts, dont certains ont pensé qu'ils allaient passer à travers, et d'autres, comme Dom et Benoît, qui ont senti qu'ils arrivaient en zone dangereuse, prisonniers de la passion qui embellissait leur vie, ce pourquoi ils étaient fait, la motivation qui les faisait avancer, prisonniers d'un inutile merveilleux et excitant qui leur donnait un sentiment d'accomplissement. Comment les en blâmer ? Ils ont vu les merveilles du monde, ont voyagé, fait d'extraordinaires rencontres, connu des bonheurs enviables pour le commun des mortels. Mais ils ont été arrêtés trop vite en chemin, alors qu'ils auraient pu découvrir d'autres trésors de la vie. (...)
Ceci n'étant pas sans me rappeler les fois j'ai eu la chance de sortir indemne de situations où tout s'est joué très vite... mais en basculant finalement du bon côté. Et aussi les fois où on sait bien que ce n'est pas raisonnable, jouer quelques instants de risque contre tout le reste d'une vie... mais on y va quand même.
Bref un livre très intéressant, témoignage historique de beaux exploits sportifs, souvenir d'existences disparues, et rappel qu'il y a aussi une vie hors de la montagne, hors des pentes raides, hors des glaciers et des parois. Jouer avec l'air, jouer avec le vide et le vent, c'est grisant... mais il y a aussi tant de gens qui doivent pouvoir compter sur nous.
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Même style même époque, mais sur neige et pas dans l'air, un autre beau récit (Philippe Lecadre, octobre 2020) d'un pionnier des nouveaux sports qu'on disait alors "funs / extrêmes". Le monoski et les combinaisons comme habit, je n'ai jamais eu, mais quand j'étais enfant (années 80) comme ça faisait rêver ! Ensuite le ski a fait sa révolution (le freestyle, le freeride) quand j'étais jeune adulte et c'est dans ces années (2000) que j'ai le plus skié.